2/ LE JEU ET SES REGLES
LES FLECHETTES
Le choix des fléchettes est propre à chacun, mais pour faire un bon choix, il faut tenir compte de certaines considérations techniques.
Longueur : variable selon la taille de ses éléments, la longueur totale ne peut excéder les 20cm. Elles sont toujours plusieurs cm plus courtes.
Poids : une fléchette ne doit pas dépasser les 50 grammes mais dans la pratique, le poids se situe généralement entre 20 et 24 grammes.
Une fléchette traditionnelle se compose de 4 parties: pointe – fût – tige et ailette
- la pointe est en acier, à maintenir aiguisée
- le fût (ou corps) : autrefois en bois, puis en laiton (toujours utilisé pour débuter), le fût est aujourd’hui en tungstène (à 90 % ou plus). La densité du tungstène permet d’affiner les fléchettes et donc de mieux les grouper sur la cible.
Le choix du corps de flèche, long et mince ou plus arrondi, dépend de plusieurs paramètres, surtout de la façon de lancer. Le Grip aussi est important.
- la tige : elle forme avec l’ailette, l’empennage, qui assure la stabilité de l’ensemble. La tige peut être courte, moyenne ou longue ; la longueur de la tige impacte directement le centre de gravité de la fléchette, De fait, pour une prise de flèchette vers l’arrière du corps, on privilégiera une tige longue ; vers l’avant, elle sera courte.
Les matériaux utilisés sont généralement le nylon, le plus courant, aussi l’aluminium, mais il en existe également en carbone, ce qu’on fait de mieux.
- l’ailette : le plus souvent, le choix des ailettes se fait sur leur esthétique. Or, certaines considérations sont à prendre en compte : l’ailette stabilise la fléchette mais fait aussi résistance à l’air. Plus la fléchette est légère plus l’ailette devrait être petite.
- choisir ses fléchettes : la vérité est qu’il n’y a pas de vérité, à chacun de trouver le bon compromis, entre longueur, poids, diamètre et longueur du fût, grip et taille des ailettes, selon sa façon de lancer, « tendu » comme on le voit de nos jours ou « posé », la fléchette décrivant une courbe en cloche. Le principal est avant tout d’être bien avec ses flèches, le reste étant de l’entraînement et encore …
LA CIBLE
La cible telle que nous l’utilisons aujourd’hui s’est construite dans le temps (voir rubrique « Histoire »), Elle est constituée de plusieurs zones :
- 20 secteurs numérotés de 1 à 20, alternant blanc et noir, valeur simple
- un cercle extérieur, alternant rouge et vert, comptant Double valeur
- un cercle intérieur, alternant rouge et vert, comptant Triple valeur
- le milieu de la cible, la Bulle, vert et rouge plein centre
Et c’est là que l’on commence à percevoir toute la subtilité du jeu : à 2 mm près, une fléchette peut compter pour 60 pts ou 1 seul petit point, selon qu’elle se plante dans le Triple 20 ou s’échoue dans le 1. Les nombres les plus élevés (20-19-18-17) sont entourés des plus petits chiffres : rappelons que c’est un anglais qui a « rangé » tout ça (voir doc « Histoire »). Un Triple 20,19,18 ou 17 valent plus qu’une Bulle pleine (50 pts) pourtant plus petite, et c’est pourquoi les joueurs ne visent le centre de la cible que ponctuellement.
- La Bulle (traduction impropre de l’anglais « Bull’s Eye », « Oeil de Boeuf », au sens figuré le Centre d’une cible) est la partie centrale de la cible. Elle se compose de 2 zones : la Bulle pleine, en rouge, qui vaut 50 points, compte pour un Double, permettant donc de fermer une partie, et la 1/2 Bulle, en vert, qui vaut moitié moins, 25 points.
A noter également que la Bulle sert à déterminer qui commence la partie : chaque joueur lance une fléchette, la plus proche remporte la mise.
Rem : aujourd’hui, les cibles de compétition sont en fibres de Sisal (Agave) haute densité, robustes, durables et bon marché.
D’autre part, même si on trouve encore des cibles avec fils de fer et agrafes de maintien, aujourd’hui les segments sont tranchants et incrustés dans la cible, sans agrafes, rendant rares les refus (rebond de la fléchette).
LE PAS DE TIR
Hauteur de la cible : Le centre de la cible doit se trouver à 1m73 du sol. Cette référence date des années 20 et correspond à la taille moyenne d'un homme en Angleterre à cette époque, soit 5'8" (172,72m) arrondi à 1m73.
Distance du pas de Tir : officialisée en 1977 (voir rubrique « Histoire »), la marque de lancer se trouve à 2m37 de la verticale de l’avant de la cible (et non pas du mur). Une façon plus courante de positionner cette distance de lancement est de mesurer 2m93 du centre de la Bulle au sol : c’est l’hypoténuse , merci Pythagore !
LE LANCER
Avant de lâcher sa fléchette, il faut déjà l’avoir bien en main et se positionner correctement par rapport à la cible. C’est légèrement moins simple qu’il n’y paraît :
Prise de fléchette : elle se fait à deux, trois voire quatre doigts, le compromis se faisant entre contrôle de la prise et relâchement, le pouce au plus proche du centre de gravité, le meilleur juge étant la trajectoire de la fléchette. Le reste n’est qu’une question d’entraînement.
Position : là encore, pas d’absolu. Quelle que soit la position de lancer, celle-ci doit être la plus stable possible, seuls le bras et le poignet doivent bouger, le reste du corps demeurant immobile (autant que possible).
A chacun de trouver le meilleur compromis entre stabilité, efficacité, relâchement, résistance à la fatigue etc …
D’une manière générale, le pied d’appui, collé à la marque (pied droit pour les droitiers, pied gauche pour les gauchers), porte l’essentiel du poids du corps ; l’autre pied, plus ou moins en retrait, talon décollé, sert à équilibrer l’ensemble.
Concernant cette marque au sol, à 2m37, la règle dit simplement que le pied ne doit pas la dépasser (ni même la chevaucher) et doit rester derrière. De fait, rien n’empêche de se pencher au-delà de cette marque, comme le font la plupart des joueurs, mais on se trouve vite confronté à un problème d’équilibre … encore un dosage à trouver.
On trouve trois positions de pied :
- de face, la position dite « classique », plein axe de la cible
lien vidéo Gary Anderson «The Flying Scotsman », multi-titré ( Champion PDC 2015 & 2016)→ https://www.youtube.com/watch?v=Kb9KrDbKLts
- latérale, pied parallèle à la marque, permet de mieux aligner oeil-épaule-bras-cible. C’est une position plus technique, afin d’amener plus de précision. Souvent, dans cette posture, on se décale de l’axe de la cible → lien vidéo de Raymond van Barneveld ( 5 titres BDO/PDC)
https://www.youtube.com/watch?v=qzDTwzyW2Rg
- intermédiaire, le pied d’appui autour de 45°, mais à chacun son angle, il s’agit avant tout de se sentir bien → lien vidéo Michael Smith (titré en 2023)
https://www.youtube.com/watch?v=1gFNslp6KAQ
REM 1 :la position du pied est une chose, le positionnement par rapport à la cible en est une autre : plein axe de la bulle ou décalé voire très décalé (généralement les droitiers décalés sur la droite, les gauchers à gauche). La position « classique » (dans l’axe) permet un accès identique à tous les secteurs, mais sinon tout dépend de l’orientation du pied.
REM 2 :1e lancer de la fléchette .Pour simplifier, 2 écoles : la première, classique, « à l’ancienne », prône qu’une fléchette ne se lance pas, elle se POSE. Le bras bouge assez peu, c’est l’avant-bras qui imprime la vitesse d’un mouvement de balancier. La fléchette décrit une courbe en cloche. De plus, chaque fléchette se joue indépendamment des autres, afin de pouvoir rectifier la position et/ou le lancer. Lien du 9 flèches de John Lowe (voir rubrique « Histoire ») → https://www.youtube.com/watch?v=Sg5Y2CURFl8
La tendance actuelle est toute autre. Tout le bras participe, le coude remonte pour propulser la fléchette → lien vidéo du lancer de Michael van Gerwen
https://www.youtube.com/watch?v=QwRkeuhBfqM
De plus, la gestuelle s’est « mécanisée » à force d’entraînement, avant tout pour éviter le phénomène de stress, pouvant aller jusqu’au blocage du bras (Yips).
Quelque soit la technique utilisée pour lancer, les meilleurs pro parviennent toujours à faire des « Nine-Darters ».
Juste pour le plaisir : le cours de Phil Taylor → https://www.youtube.com/watch?v=JG_qJ8vgWU4
REM 3 : l’accompagnement de la flèche : le lancer ne s’arrête pas une fois que la fléchette a quitté les doigts comme on le voit trop souvent. Il faut l’amener jusqu’à la cible en prolongeant le geste, pour plus d’efficacité et de précision. C’est une constante que l’on retrouve dans toutes les disciplines de lancer (poids et javelot en athlé) comme au golf ou le club « traverse » la balle.
LES REGLES : le 501
Tout ce qui précède une fois maîtrisé … ou en cours, l’essentiel est de jouer. Il existe bon nombre de jeux au fléchettes, juste ludiques, pour s’améliorer ou pratiqués en compétition. Les tournois se déroulent généralement en 501.
- 501 double out (variantes 301, X01…) : on part de 501 points, chaque volée est décomptée, au barême simple valeur, double ou triple selon la zone où s’est plantée la flèche, le but étant d’ arriver à zéro MAIS, et c’est là la subtilité, il faut finir par un Double (le cercle extérieur), d’où le « double out ». Si l’on dépasse le total restant (ou s’il reste 1), on « casse » (bust), passe son tour pour reprendre au même score … si l’adversaire n’a pas terminé, bien sûr. La Bulle pleine, en rouge, compte pour un double.
Et le « 1 » de 501 ? Juste pour obliger à aller visiter les nombres impairs et utiliser l’ensemble de la cible.
REM : le nombre minimum de fléchettes pour faire un 501 est de 9 (c’est un Nine-Darter ou Nine-Dart Finish) : 501 => 321 (3xT20) => 141 (3xT20) et là, plusieurs possibilités → T20-T19-D12 (quasi tous les joueurs), ou encore → T17-T18-D18 (intéressant), il y en a d’autres ...
A noter dans les variantes, le 501 double in double out, qui oblige à démarrer le jeu avec un double et bien sûr fermer avec un autre double.
Pour progresser dans la maîtrise de façon ludique, il existe toute une palette de jeux à vocation d’entraînement ; en voici quelques-uns :
- Horloge
- Shangaï
- Cricket
- Capital
…
Bon entraînement ! Avec un petit rappel : tout sport, même de haut niveau est foncièrement un jeu, dont le but premier est d’y prendre du plaisir...